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Noël enflammé au quartier Midi
Le quartier Midi offre des images tristes et hallucinantes, ce n’est pas nouveau. Ce lundi 26 décembre, contrastant avec les guirlandes et la frénésie des achats de fin d’année qui sévissent dans d’autres quartiers, l’îlot A du PPAS Fonsny 1 (entre les rue de Mérode, de Norvège, Claes et Suède) connaissait un nouvel événement pour le moins glauque…
Lorsqu’il était encore habité, cet îlot connut plusieurs maisons ravagées par différents incendies. Désormais entièrement vide depuis plusieurs mois (à l’exception notable d’une maison !), le voilà sans grande surprise partiellement occupé par des sans abri. Il faut noter que les maisons, expropriées et vidées par la Région bruxelloise et la Commune de Saint-Gilles, sont facilement accessibles. Aussi, ce lundi, l’une d’elle a pris feu. Un sans abri qui y logeait, a été sauvé par les pompiers.
Pour rajouter à ce tableau de désolation, juste à côté de la maison brîlée, plusieurs autres sont en pleine démolition (un comble pour un îlot prétendument destiné à être « rénové »…). L’îlot A ainsi qu’un morceau de l’îlot D font partie des rares parcelles dédiées au logement dans les plans élaborés par Charles Picqué au début des années 1990 et péniblement réalisés depuis lors. Comme par hasard, ce sont les dernières à être à l’état de chancre ou de terrain vague aujourd’hui encore, 20 ans après le début des opérations. Mais les pelleteuses ont commencé à s’activer, remuant le sol rue de Russie dans l’îlot D, détruisant les maisons de la rue de Norvège dans l’îlot A… Un rapport avec les élections communales qui approchent à grands pas ? Le suggérer serait médire, bien sûr…
L’ombre de « Victor » plane sur le quartier Midi
Associations et habitants demandent notamment d’étudier une alternative 100% logements et équipements publics.
- Communiqué de presse, 29 septembre 2011
Derrière le nom de code « Victor » (dont une commission de concertation réunissant les communes d’Anderlecht et de Saint-Gilles se penchait ce matin sur le cahier des charges de l’étude d’incidences), se cache un projet prétendument « mixte » porté par les groupes Atenor et CFE et consistant en 3 tours de bureau totalisant une surface de 100.000 m2 et une « toureke » de logement proposant à peine 2000 m2. Les habitants et les associations signataires se mobilisent pour empêcher la réalisation de ce projet démesuré, ouvertement spéculatif et totalement contraire aux besoins de ce quartier qu’il va écraser encore un peu plus.
Le quartier du Midi n’a pas fini de panser ses plaies et a besoin de tout sauf de nouveaux bureaux et hôtels. 300.000 m2 de bureaux y ont déjà été brutalement et chaotiquement implantés ces 15 dernières années, sans respect pour les habitants, pour le tissu urbain ni pour la mobilité dans ce qui constitue pourtant l’un des principaux nœuds de communication de Bruxelles. Outre qu’ils déshumanisent les abords d’une gare du Midi déjà peu intégrée dans son environnement, les immeubles de bureaux construits dans le quartier sont parfaitement inutiles à l’échelle de la Région bruxelloise et ne correspondent à aucune demande réelle. Tous leurs occupants sont des administrations publiques, des sociétés parapubliques ou privées qui étaient déjà implantées à Bruxelles et qui ont simplement déménagé Cela n’est pas étonnant quand on connaît la contexte de sur-offre de bureaux, les chiffres officiels comptabilisant déjà 1,6 millions de m2 inoccupés à l’heure actuelle.
Mais le projet « Victor » est d’autant plus inquiétant qu’il n’est pas le seul à exister dans les cartons des architectes et des promoteurs immobiliers pour le quartier Midi. On connaît déjà les intentions de la SNCB, qui voudrait construire pas moins de 250.000 m2 de bureaux neufs autour de la gare et qui laisse également entendre son souhait d’élargir la Jonction Nord-Midi dans un avenir proche…
Les habitants et les associations insistent donc pour que les pouvoirs publics jouent leur rôle et informent le public sur l’ensemble des projets en cours d’élaboration et leur impact à l’échelle de la région et du quartier, qu’il s’agisse de bureaux, de logement, de commerce, d’espace public ou de mobilité… Non seulement un nouveau Plan régional de développement durable (PRDD) et un nouveau Plan régional d’affectation des sols (PRAS) sont actuellement en cours d’élaboration, mais on sait également qu’un groupe de travail (réunissant la SNCB et ses bureaux d’études, la Région, les communes de Saint-Gilles et d’Anderlecht, Beliris, la STIB…) s’est réunit pendant deux ans avec comme perspective l’élaboration d’un Master Plan pour le Midi. Par ailleurs, le Ministre-Président Charles Picqué a récemment confié à l’Agence de développement territorial (ADT) la rédaction d’une note prospective sur le quartier, qui doit être remise au Gouvernement à la fin 2011. La logique d’une bonne planification veut bien évidemment qu’on n’examine pas des projets un par un, isolément, alors que des plans d’urbanisme sont en cours d’élaboration.
A de nombreuses reprises ces derniers mois et ces dernières années, les habitants et les associations ont déjà dénoncé l’élaboration ou l’abrogation de Plans Particuliers d’Affection du Sol (PPAS) sur mesure pour des projets immobiliers spéculatifs. Le groupe Atenor est devenu expert en la matière, profitant de la faiblesse des pouvoirs publics pour plusieurs de ses projets : la tour « Up-Site » à Bruxelles-Ville, « City Docks » à Anderlecht et « Victor » au quartier Midi. On se souviendra que les communes d’Anderlecht et de Saint-Gilles avaient abrogé avant l’été sans raison apparente les deux PPAS en vigueur sur l’îlot où sont prévues les tours « Victor », faisant par là disparaître les contraintes en matière d’affectation, d’implantation et de volume des constructions qu’auraient fait peser les 2 PPAS sur le projet Victor… L’intérêt financier à court terme d’un promoteur immobilier et de deux communes, intéressées par les retombées en terme de taxes sur les bureaux et de charges d’urbanisme, ne doivent pas prévaloir sur l’intérêt général à l’échelle de la région.
A ce stade de la procédure, les habitants et les associations demandent que toute une série d’alternatives soient étudiées dans l’étude d’incidences et, en priorité l’alternative consistant à respecter les gabarits du quartier et à prendre en compte les besoins essentiels des Bruxellois, à savoir la construction de logements neufs dont 50% de logements sociaux.
• Communiqué commun de l’ARAU, du BRAL, du CODES, du Comité du quartier Midi, du CRU, d’IEB et de l’ULAC.
La spéculation continue de souffler sur le Midi
- Comité du quartier Midi, 17 septembre 2011
Le projet appelé « Victor » porté par le groupe Atenor et consistant à construire 3 tours de bureaux et une petite tour de logement sur l’îlot dit « Lombard » (rue Blerot, à côté de la Tour du Midi) fait l’objet d’une demande de permis d’urbanisme auprès des communes d’Anderlecht et de Saint-Gilles. Le dossier déposé par le promoteur est téléchargeable ici. Nous y reviendrons sur ce site dans les prochains jours.
Rappelons déjà que ce projet s’inscrit dans un contexte de crise du logement, alors que Bruxelles compte déjà au bas mot 1,6 millions de mètres carrés de bureaux inoccupés, que près de 300.000 m2 de bureaux ont déjà été construits dans le quartier Midi au prix de la démolition de nombreux logements et de l’expropriation de leurs habitants, et alors que la SNCB caresse le doux rêve d’ériger encore 250.000 m2 de bureaux neufs sur le site de la gare du Midi.
Pourtant, les pouvoirs communaux d’Anderlecht et de Saint-Gilles ont récemment abrogé sur mesure les deux PPAS en vigueur sur cette zone et qui auraient empêché un projet d’une telle ampleur de se réaliser. Il ne fait donc pas de doute qu’ils seront peu regardants sur le nombre de surfaces destinées au bureau (100.000 m2, contre 6.000 m2 seulement de logement) et sur le caractère spéculatif de ce projet (il n’y a pas de demande pour occuper ces bureaux, qui seront plus que probablement loués ou achetés par des sociétés déjà installées à Bruxelles)… Anderlecht et Saint-Gilles seront d’autant moins regardantes qu’elles ont négocié avec le promoteur l’emplacement des futurs bureaux : le site étant traversé par la frontière communale, il fallait que chacune d’entre elle ait sa part du gâteau et puisse goûter aux joies des taxes sur les bureaux.
« Victor » est à l’enquête publique jusqu’au 22 septembre. La commission de concertation se réunit à Anderlecht le 29 septembre (heure à confirmer).
Faisons-y entendre une autre voix : il faut arrêter la construction de nouveaux bureaux à Bruxelles, stopper les investissements spéculatifs, construire en masse du logement public et du logement social, mettre fin à cet urbanisme des petits arrangements secrets passés entre promoteurs et élus et où les procédures de « concertation » ne servent qu’à donner un semblant de légitimité démocratique !
A lire sur ce sujet :
• Saint-Gilles et Anderlecht jouent des tours au logement
• Les communes et Atenor font place nette pour accueillir un projet de tours de bureaux au Quartier Midi